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Fontane, Theodor: Wanderungen durch die Mark Brandenburg. Bd. 2: Das Oderland. Berlin, 1863.

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par rapport a l'endroit, que par rapport a l'aimable hote, et l'incompa-
rable hotesse de ce lieu. S'il dependroit de moi plus vite que ces lignes,
je mes rendrois en personne chez Vous et je Vous marquerois Madame,
le plaisir que j'ai a Vous rendre mes devoirs. Au premier jour je me
laisserai pourtant vaincre par ce penchant et comme Vous avez eu la
bonte de me le permettre, je puis le faire impunement je crois que je
volerai plutot par ce chemin que ne marcherai; l'impatience, le desir
d'arriver, la joie que l'on se promet et plus que tout la satisfaction de
voir des personnes qui Vous sont cheres, encouragent en pareille occa-
sion, on surmonte les plus terribles montagnes, dont Natzmer dit que
l'on s'y peut casser le cou comme une vieille femme. Mais gare alors!
Vous savez Madame que l'homme est un animal de coutume et comme
je suis de ce genre, je m'accoutumerai si bien chez Vous qu'il faudra
me chasser comme les chiens de l'eglise. Mes complimens, s'il Vous
plait, a Mr. Votre epoux. Si les oreilles ne Vous cornent pas a tous
deux, il faut que Vous ayez perdu l'organe de l'ouie, car les verres car-
rilloneront ce midi a Vos santes, que cela sera une benediction. Voila
tout ce que nous pouvons faire pour Votre service -- ce n'est pas
grand chose a la verite mais d'un mauvais payeur il faut prendre ce
que l'on peut. Il faut regarder au coeur -- pour le miens je Vous en
reponds, il est rempli de beaucoup de bonnes intentions, accom-
pagnees de beaucoup d'impuissance. A propos du coeur, il faut
se souvenir de sa promesse. Je me resouviens Madame de la mienne
et je n'attends que Vos ordres pour la mettre en execution. Si Vous
voulez ma figure en grand, en milieu ou en miniature? L'original
est entierement a Votre disposition. Pour les copies je crois que la plus
petite miniature sera la meilleure car un petit mal vaut mieux qu'un
grand. Il ne tiendra pourtant qu'a Vous a disposer et je saurai obeir a
condition que Vous me fassiez toujours le plaisir de croire que je suis
avec une affection et une estime particuliere, Madame Votre parfait ami
a Vous servir Frederic.

II.

Madame. Les sauterelles qui desolerent ce pays ont toujours eu
assez d'egards pour Vous, qu'elles ont menage Vos terres. Un nombre
innombrable d'insectes plus vilains et plus dangereux que celles-ci de-
vant nommees, vont se rendre chez Vous, Madame et non contens de
deserter le pays, ces animaux auront la hardiesse de Vous attaquer jusque
dans Votre propre chateau. On les appelle "Vers", ils ont quatre pieds,
des dents aigues, un corp fort long et une certaine cadence fait leur
premier principe et leur donne la vie. Ceux-ci sont de fort mauvaise
race, ils sont venus tout recemment du parnasse, ou le bon gout les a
chasses. Je suis persuade qu'ils auront un sort egal a Tamsel, endroit
que les 9 muses et Apollon meme pourraient choisir afin de s'y faire

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par rapport à l’endroit, que par rapport à l’aimable hôte, et l’incompa-
rable hôtesse de ce lieu. S’il dependroit de moi plus vite que ces lignes,
je mes rendrois en personne chez Vous et je Vous marquerois Madame,
le plaisir que j’ai à Vous rendre mes devoirs. Au premier jour je me
laisserai pourtant vaincre par ce penchant et comme Vous avez eu la
bonté de me le permettre, je puis le faire impunément je crois que je
vôlerai plutot par ce chemin que ne marcherai; l’impatience, le desir
d’arriver, la joie que l’on se promet et plus que tout la satisfaction de
voir des personnes qui Vous sont chères, encouragent en pareille occa-
sion, on surmonte les plus terribles montagnes, dont Natzmer dit que
l’on s’y peut casser le cou comme une vieille femme. Mais gare alors!
Vous savez Madame que l’homme est un animal de coutume et comme
je suis de ce genre, je m’accoutumerai si bien chez Vous qu’il faudra
me chasser comme les chiens de l’église. Mes complimens, s’il Vous
plait, à Mr. Votre époux. Si les oreilles ne Vous cornent pas à tous
deux, il faut que Vous ayez perdu l’organe de l’ouie, car les verres car-
rilloneront ce midi à Vos santés, que cela sera une bénédiction. Voilà
tout ce que nous pouvons faire pour Votre service — ce n’est pas
grand chose à la vérité mais d’un mauvais payeur il faut prendre ce
que l’on peut. Il faut regarder au coeur — pour le miens je Vous en
réponds, il est rempli de beaucoup de bonnes intentions, accom-
pagnées de beaucoup d’impuissance. A propos du coeur, il faut
se souvenir de sa promesse. Je me resouviens Madame de la mienne
et je n’attends que Vos ordres pour la mettre en éxécution. Si Vous
voulez ma figure en grand, en milieu ou en miniature? L’original
est entièrement à Votre disposition. Pour les copies je crois que la plus
petite miniature sera la meilleure car un petit mal vaut mieux qu’un
grand. Il ne tiendra pourtant qu’à Vous à disposer et je saurai obéir à
condition que Vous me fassiez toujours le plaisir de croire que je suis
avec une affection et une estime particulière, Madame Votre parfait ami
à Vous servir Fréderic.

II.

Madame. Les sauterelles qui désolèrent ce pays ont toujours eu
assez d’égards pour Vous, qu’elles ont ménagé Vos terres. Un nombre
innombrable d’insectes plus vilains et plus dangereux que celles-ci de-
vant nommées, vont se rendre chez Vous, Madame et non contens de
déserter le pays, ces animaux auront la hardiesse de Vous attaquer jusque
dans Votre propre château. On les appelle „Vers“, ils ont quatre pieds,
des dents aigues, un corp fort long et une certaine cadence fait leur
premier principe et leur donne la vie. Ceux-ci sont de fort mauvaise
race, ils sont venus tout rècemment du parnasse, où le bon gout les a
chassés. Je suis persuadé qu’ils auront un sort égal à Tamsel, endroit
que les 9 muses et Apollon même pourraient choisir afin de s’y faire

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[513/0525] par rapport à l’endroit, que par rapport à l’aimable hôte, et l’incompa- rable hôtesse de ce lieu. S’il dependroit de moi plus vite que ces lignes, je mes rendrois en personne chez Vous et je Vous marquerois Madame, le plaisir que j’ai à Vous rendre mes devoirs. Au premier jour je me laisserai pourtant vaincre par ce penchant et comme Vous avez eu la bonté de me le permettre, je puis le faire impunément je crois que je vôlerai plutot par ce chemin que ne marcherai; l’impatience, le desir d’arriver, la joie que l’on se promet et plus que tout la satisfaction de voir des personnes qui Vous sont chères, encouragent en pareille occa- sion, on surmonte les plus terribles montagnes, dont Natzmer dit que l’on s’y peut casser le cou comme une vieille femme. Mais gare alors! Vous savez Madame que l’homme est un animal de coutume et comme je suis de ce genre, je m’accoutumerai si bien chez Vous qu’il faudra me chasser comme les chiens de l’église. Mes complimens, s’il Vous plait, à Mr. Votre époux. Si les oreilles ne Vous cornent pas à tous deux, il faut que Vous ayez perdu l’organe de l’ouie, car les verres car- rilloneront ce midi à Vos santés, que cela sera une bénédiction. Voilà tout ce que nous pouvons faire pour Votre service — ce n’est pas grand chose à la vérité mais d’un mauvais payeur il faut prendre ce que l’on peut. Il faut regarder au coeur — pour le miens je Vous en réponds, il est rempli de beaucoup de bonnes intentions, accom- pagnées de beaucoup d’impuissance. A propos du coeur, il faut se souvenir de sa promesse. Je me resouviens Madame de la mienne et je n’attends que Vos ordres pour la mettre en éxécution. Si Vous voulez ma figure en grand, en milieu ou en miniature? L’original est entièrement à Votre disposition. Pour les copies je crois que la plus petite miniature sera la meilleure car un petit mal vaut mieux qu’un grand. Il ne tiendra pourtant qu’à Vous à disposer et je saurai obéir à condition que Vous me fassiez toujours le plaisir de croire que je suis avec une affection et une estime particulière, Madame Votre parfait ami à Vous servir Fréderic. II. Madame. Les sauterelles qui désolèrent ce pays ont toujours eu assez d’égards pour Vous, qu’elles ont ménagé Vos terres. Un nombre innombrable d’insectes plus vilains et plus dangereux que celles-ci de- vant nommées, vont se rendre chez Vous, Madame et non contens de déserter le pays, ces animaux auront la hardiesse de Vous attaquer jusque dans Votre propre château. On les appelle „Vers“, ils ont quatre pieds, des dents aigues, un corp fort long et une certaine cadence fait leur premier principe et leur donne la vie. Ceux-ci sont de fort mauvaise race, ils sont venus tout rècemment du parnasse, où le bon gout les a chassés. Je suis persuadé qu’ils auront un sort égal à Tamsel, endroit que les 9 muses et Apollon même pourraient choisir afin de s’y faire 33

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Zitationshilfe: Fontane, Theodor: Wanderungen durch die Mark Brandenburg. Bd. 2: Das Oderland. Berlin, 1863, S. 513. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/fontane_brandenburg02_1863/525>, abgerufen am 24.04.2024.