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Fontane, Theodor: Wanderungen durch die Mark Brandenburg. Bd. 2: Das Oderland. Berlin, 1863.

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ce que Vous faites oblige a admirer tant Votre esprit que Votre poli-
tesse. Je coupe court sur cette matiere -- il me semble deja que Vous
rougissez et pour epargner Votre modestie je change de matiere et pour
Vous donner encore une preuve de mon obeissance aveugle je Vous en-
voie, ce que Vous m'avez demande. J'espere que cela servira au moins
a Vous faire quelquefois souvenir de moi et que Vous direz: "C'etoit un
assez bon garcon, mais il me lassoit, car il m'aimoit trop, et me
faisoit souvent enrager avec son amour incommode!" Que je seroit heu-
reux, Madame, si Vous me connoissiez autant et que si persuadee de la
constance eternelle de mes sentimens, Vous me faites toujours la justice
de me croire avec une estime sincere et avec beaucoup de passion Votre
parfaitement fidele ami, Cousin et serviteur Frederic.

Sonnet.
Ce portrait, ma cousine est mon ambassadeur
Et ce sonnet lui sert de timide interprete
Car il devoit te dire, ainsi qu'a mon vainqueur
Que je suis un de ceux dont tu fis la conquete.
Que tes charmes divins m'ont enleve le coeur
Que seroit-ce pourtant, quelle joie quelle fete
Si comme ma copie j'eus le parfait bonheur -- --
Mais -- halte la ma plume, il faut que je t'arrete --
Si tu en disois trop, sans voir ton creditif
Tu serois renvoye, errant et fugitif.
Laisse donc deviner ce que tu n'ose dire.
Et garde toi surtout de ne parler d'amour,
De dire que tu aimes et aimeras toujours
Mais puisqu'il faut mourir -- meurs -- celant ton martyre.

Dieser Brief mit den ihm beigefügten Versen und der Sendung des
Portraits scheint mir offenbar ein Abschiedsbrief und der letzte in der
Reihe sein zu müssen.

6. Briefe König Friedrichs an Frau v. Wreech. 1758--61.
I.


Madame.

Je suis venu ici apres la bataille du 25. J'ai trouve la
desolation dans ce pauvre endroit. Vous pouvez etre assuree que je ferai
ce qui sera possible pour conserver ce qu'il-y-a encore. Mon armee a
ete obligee de fourager ici, et quoique dans les facheuses circonstances ou
je me trouve je ne sois guere en etat de bonifier le mal que l'ennemi a
fait, je ne veux du moins pas qu'il soit dit que j'ai contribue a la ruine

ce que Vous faites oblige à admirer tant Votre esprit que Votre poli-
tesse. Je coupe court sur cette matière — il me semble déjà que Vous
rougissez et pour épargner Votre modestie je change de matière et pour
Vous donner encore une preuve de mon obéissance aveugle je Vous en-
voie, ce que Vous m’avez demandé. J’espère que cela servira au moins
à Vous faire quelquefois souvenir de moi et que Vous direz: „C’étoit un
assez bon garçon, mais il me lassoit, car il m’aimoit trop, et me
faisoit souvent enrager avec son amour incommode!“ Que je seroit heu-
reux, Madame, si Vous me connoissiez autant et que si persuadée de la
constance éternelle de mes sentimens, Vous me faites toujours la justice
de me croire avec une estime sincère et avec beaucoup de passion Votre
parfaitement fidèle ami, Cousin et serviteur Fréderic.

Sonnet.
Ce portrait, ma cousine est mon ambassadeur
Et ce sonnet lui sert de timide interprête
Car il devoit te dire, ainsi qu’à mon vainqueur
Que je suis un de ceux dont tu fis la conquête.
Que tes charmes divins m’ont enlevé le coeur
Que seroit-ce pourtant, quelle joie quelle fête
Si comme ma copie j’eus le parfait bonheur — —
Mais — halte là ma plume, il faut que je t’arrête —
Si tu en disois trop, sans voir ton créditif
Tu serois renvoyé, errant et fugitif.
Laisse donc deviner ce que tu n’ose dire.
Et garde toi surtout de ne parler d’amour,
De dire que tu aimes et aimeras toujours
Mais puisqu’il faut mourir — meurs — cèlant ton martyre.

Dieſer Brief mit den ihm beigefügten Verſen und der Sendung des
Portraits ſcheint mir offenbar ein Abſchiedsbrief und der letzte in der
Reihe ſein zu müſſen.

6. Briefe König Friedrichs an Frau v. Wreech. 1758—61.
I.


Madame.

Je suis venu ici après la bataille du 25. J’ai trouvé la
désolation dans ce pauvre endroit. Vous pouvez être assurée que je ferai
ce qui sera possible pour conserver ce qu’il-y-a encore. Mon armée a
été obligée de fourager ici, et quoique dans les facheuses circonstances où
je me trouve je ne sois guère en état de bonifier le mal que l’ennemi a
fait, je ne veux du moins pas qu’il soit dit que j’ai contribué à la ruine

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[520/0532] ce que Vous faites oblige à admirer tant Votre esprit que Votre poli- tesse. Je coupe court sur cette matière — il me semble déjà que Vous rougissez et pour épargner Votre modestie je change de matière et pour Vous donner encore une preuve de mon obéissance aveugle je Vous en- voie, ce que Vous m’avez demandé. J’espère que cela servira au moins à Vous faire quelquefois souvenir de moi et que Vous direz: „C’étoit un assez bon garçon, mais il me lassoit, car il m’aimoit trop, et me faisoit souvent enrager avec son amour incommode!“ Que je seroit heu- reux, Madame, si Vous me connoissiez autant et que si persuadée de la constance éternelle de mes sentimens, Vous me faites toujours la justice de me croire avec une estime sincère et avec beaucoup de passion Votre parfaitement fidèle ami, Cousin et serviteur Fréderic. Sonnet. Ce portrait, ma cousine est mon ambassadeur Et ce sonnet lui sert de timide interprête Car il devoit te dire, ainsi qu’à mon vainqueur Que je suis un de ceux dont tu fis la conquête. Que tes charmes divins m’ont enlevé le coeur Que seroit-ce pourtant, quelle joie quelle fête Si comme ma copie j’eus le parfait bonheur — — Mais — halte là ma plume, il faut que je t’arrête — Si tu en disois trop, sans voir ton créditif Tu serois renvoyé, errant et fugitif. Laisse donc deviner ce que tu n’ose dire. Et garde toi surtout de ne parler d’amour, De dire que tu aimes et aimeras toujours Mais puisqu’il faut mourir — meurs — cèlant ton martyre. Dieſer Brief mit den ihm beigefügten Verſen und der Sendung des Portraits ſcheint mir offenbar ein Abſchiedsbrief und der letzte in der Reihe ſein zu müſſen. 6. Briefe König Friedrichs an Frau v. Wreech. 1758—61. I. à Tamsel ce 30. d’Août 1758. Madame. Je suis venu ici après la bataille du 25. J’ai trouvé la désolation dans ce pauvre endroit. Vous pouvez être assurée que je ferai ce qui sera possible pour conserver ce qu’il-y-a encore. Mon armée a été obligée de fourager ici, et quoique dans les facheuses circonstances où je me trouve je ne sois guère en état de bonifier le mal que l’ennemi a fait, je ne veux du moins pas qu’il soit dit que j’ai contribué à la ruine

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Zitationshilfe: Fontane, Theodor: Wanderungen durch die Mark Brandenburg. Bd. 2: Das Oderland. Berlin, 1863, S. 520. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/fontane_brandenburg02_1863/532>, abgerufen am 24.04.2024.