Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.Tu sais, mon ami, qu'apres avoir ecoute Tu sais, mon ami, qu’après avoir écouté <TEI> <text> <body> <div n="1"> <pb facs="#f0111" n="87"/> <p>Tu sais, mon ami, qu’après avoir écouté<lb/> tous nos philosophes, j’ai clairement reconnu que<lb/> je n’étais aucunement appelé à me mêler de<lb/> leurs spéculations, et que dans le sentiment de<lb/> mon insuffisance, je me suis irrévocablement<lb/> retiré de l’arène. J’ai depuis laissé dormir bien<lb/> des questions, que je me suis résigné à igno-<lb/> rer, à ne pas faire ou à laisser sans réponse,<lb/> et me confiant en la droiture de mon sens, j’ai,<lb/> comme tu me le conseillais toi-même, suivi,<lb/> autant que je l’ai pu, la voix qui s’élevait en<lb/> moi pour me conduire, et n’ai voulu qu’elle<lb/> pour guide sur la route que je me suis frayée.<lb/> Cependant ce rhéteur, dont j’admirais le talent,<lb/> me semblait élever un édifice, fondé en appa-<lb/> rence sur sa propre nécessité. Mais je n’y trou-<lb/> vais pas ce que précisément j’y aurais voulu;<lb/> et dès-lors ce n’était plus pour moi qu’une de<lb/> ces constructions élégantes, qui ne servent qu’à<lb/> récréer la vue par la symétrie de leurs formes;<lb/> mais je prenais plaisir à l’éloquence du sophiste,<lb/> qui, maîtrisant mon attention, m’avait distrait<lb/> de mes propres maux, et je ne lui aurais pas<lb/> résisté s’il avait su ébranler mon âme, comme<lb/> il savait dominer mon esprit.</p><lb/> </div> </body> </text> </TEI> [87/0111]
Tu sais, mon ami, qu’après avoir écouté
tous nos philosophes, j’ai clairement reconnu que
je n’étais aucunement appelé à me mêler de
leurs spéculations, et que dans le sentiment de
mon insuffisance, je me suis irrévocablement
retiré de l’arène. J’ai depuis laissé dormir bien
des questions, que je me suis résigné à igno-
rer, à ne pas faire ou à laisser sans réponse,
et me confiant en la droiture de mon sens, j’ai,
comme tu me le conseillais toi-même, suivi,
autant que je l’ai pu, la voix qui s’élevait en
moi pour me conduire, et n’ai voulu qu’elle
pour guide sur la route que je me suis frayée.
Cependant ce rhéteur, dont j’admirais le talent,
me semblait élever un édifice, fondé en appa-
rence sur sa propre nécessité. Mais je n’y trou-
vais pas ce que précisément j’y aurais voulu;
et dès-lors ce n’était plus pour moi qu’une de
ces constructions élégantes, qui ne servent qu’à
récréer la vue par la symétrie de leurs formes;
mais je prenais plaisir à l’éloquence du sophiste,
qui, maîtrisant mon attention, m’avait distrait
de mes propres maux, et je ne lui aurais pas
résisté s’il avait su ébranler mon âme, comme
il savait dominer mon esprit.
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