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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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V.

Il etait encore de bonne heure lorsque je fus
reveille par des voix qui s'elevaient avec vehe-
mence dans mon anti-chambre. Je pretai l'o-
reille. Bendel defendait ma porte; Rascal jurait
qu'il ne recevrait point d'ordre de son egal, et
pretendait entrer malgre lui dans mon apparte-
ment. Bendel lui representait, avec douceur,
que ces propos, s'ils parvenaient a mon oreille,
le feraient renvoyer d'un service, auquel le de-
vait attacher son propre interet. Rascal le me-
nacait de porter la main sur lui, s'il s'obsti-
nait plus longtemps a lui barrer le passage.

Je m'etais habille a demi; j'ouvris ma porte
avec colere, et m'avancai sur Rascal en l'apos-
trophant. "Que pretends-tu, miserable ...?"
Il recula d'un pas, et me repondit, avec le
plus grand sang-froid: "Vous supplier humble-
ment, M. le comte, de me faire voir enfin votre
ombre; tenez, le plus beau soleil luit mainte-
nant dans votre cour." Je demeurai immobile,

V.

Il était encore de bonne heure lorsque je fus
réveillé par des voix qui s’élevaient avec véhé-
mence dans mon anti-chambre. Je prêtai l’o-
reille. Bendel défendait ma porte; Rascal jurait
qu’il ne recevrait point d’ordre de son égal, et
prétendait entrer malgré lui dans mon apparte-
ment. Bendel lui représentait, avec douceur,
que ces propos, s’ils parvenaient à mon oreille,
le feraient renvoyer d’un service, auquel le de-
vait attacher son propre intérêt. Rascal le me-
naçait de porter la main sur lui, s’il s’obsti-
nait plus longtemps à lui barrer le passage.

Je m’étais habillé à demi; j’ouvris ma porte
avec colère, et m’avançai sur Rascal en l’apos-
trophant. «Que prétends-tu, misérable …?»
Il recula d’un pas, et me répondit, avec le
plus grand sang-froid: «Vous supplier humble-
ment, M. le comte, de me faire voir enfin votre
ombre; tenez, le plus beau soleil luit mainte-
nant dans votre cour.» Je demeurai immobile,

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[[53]/0073] V. Il était encore de bonne heure lorsque je fus réveillé par des voix qui s’élevaient avec véhé- mence dans mon anti-chambre. Je prêtai l’o- reille. Bendel défendait ma porte; Rascal jurait qu’il ne recevrait point d’ordre de son égal, et prétendait entrer malgré lui dans mon apparte- ment. Bendel lui représentait, avec douceur, que ces propos, s’ils parvenaient à mon oreille, le feraient renvoyer d’un service, auquel le de- vait attacher son propre intérêt. Rascal le me- naçait de porter la main sur lui, s’il s’obsti- nait plus longtemps à lui barrer le passage. Je m’étais habillé à demi; j’ouvris ma porte avec colère, et m’avançai sur Rascal en l’apos- trophant. «Que prétends-tu, misérable …?» Il recula d’un pas, et me répondit, avec le plus grand sang-froid: «Vous supplier humble- ment, M. le comte, de me faire voir enfin votre ombre; tenez, le plus beau soleil luit mainte- nant dans votre cour.» Je demeurai immobile,

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. [53]. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/73>, abgerufen am 20.04.2024.