On voit les Corps, ou le feu peut agir, Blanchir, noircir, & jaunir, & rougir. Enfin tout ce, qu'on voit de diverses Teintures, Vient des differentes Tissures, Qui se trouvent aux Corps, qu'on nomme Colorez, Autant qu'ils sont en differens degrez, Plus apres, plus unis, plus laches, plus serrez, Ils montrent des Couleurs, ou plus, ou moins obscures.
Un Corps ne paroeit Blanc, que par ses apretez; Il y faut concevoir des inegalitez, Qui n'affoiblissent point les Rayons de Lumiere, Mais en reflechissant leur multitude entiere, Les ecartent de tous cotez. Les nerfs en sont encor trop rudement heurtez, Et la blancheur aussi blesse notre paupiere.
Le Noir est compose de filets herissez, Ou les Rayons du Jour demeurent enfoncez, Et dont le repli les recele; Ils s'y trouvent perdus, engagez, dispersez, Ils ne reviennent point jusqu' a notre prunelle. Et n'en avons-nous pas une preuve fidelle? La sombre Nuit, les Nuages epais, Les Lieux profonds, ou jamais Aucun Rayon ne passe, aucun trait n'etincelle, Dans leur tenebreuse epaisseur, Ne sont a nos Yeux que Noirceur.
Les
Deſ Couleurſ.
On voit les Corps, où le feu peut agir, Blanchir, noircir, & jaunir, & rougir. Enfin tout ce, qu’on voit de diverſes Teintures, Vient des differentes Tiſſures, Qui ſe trouvent aux Corps, qu’on nomme Colorez, Autant qu’ils ſont en différens degrez, Plus âpres, plus unis, plus lâches, plus ſerrez, Ils montrent des Couleurs, ou plus, ou moins obſcures.
Un Corps ne paroît Blanc, que par ſes âpretez; Il y faut concevoir des inégalitez, Qui n’affoibliſſent point les Rayons de Lumiere, Mais en réflêchiſſant leur multitude entiere, Les écartent de tous côtez. Les nerfs en ſont encor trop rudement heurtez, Et la blancheur ausſi bleſſe notre paupiere.
Le Noir eſt compoſé de filets heriſſez, Où les Rayons du Jour demeurent énfoncez, Et dont le repli les recele; Ils s’y trouvent perdus, engagez, diſperſez, Ils ne reviennent point juſqu’ à notre prunelle. Et n’en avons-nous pas une preuve fidelle? La ſombre Nuit, les Nuages épais, Les Lieux profonds, où jamais Aucun Rayon ne paſſe, aucun trait n’étincelle, Dans leur tenebreuſe épaiſſeur, Ne ſont à nos Yeux que Noirceur.
Les
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Deſ Couleurſ.
On voit les Corps, où le feu peut agir,
Blanchir, noircir, & jaunir, & rougir.
Enfin tout ce, qu’on voit de diverſes Teintures,
Vient des differentes Tiſſures,
Qui ſe trouvent aux Corps, qu’on nomme Colorez,
Autant qu’ils ſont en différens degrez,
Plus âpres, plus unis, plus lâches, plus ſerrez,
Ils montrent des Couleurs, ou plus, ou moins obſcures.
Un Corps ne paroît Blanc, que par ſes âpretez;
Il y faut concevoir des inégalitez,
Qui n’affoibliſſent point les Rayons de Lumiere,
Mais en réflêchiſſant leur multitude entiere,
Les écartent de tous côtez.
Les nerfs en ſont encor trop rudement heurtez,
Et la blancheur ausſi bleſſe notre paupiere.
Le Noir eſt compoſé de filets heriſſez,
Où les Rayons du Jour demeurent énfoncez,
Et dont le repli les recele;
Ils s’y trouvent perdus, engagez, diſperſez,
Ils ne reviennent point juſqu’ à notre prunelle.
Et n’en avons-nous pas une preuve fidelle?
La ſombre Nuit, les Nuages épais,
Les Lieux profonds, où jamais
Aucun Rayon ne paſſe, aucun trait n’étincelle,
Dans leur tenebreuſe épaiſſeur,
Ne ſont à nos Yeux que Noirceur.
Les
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 392. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/422>, abgerufen am 14.06.2024.
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