Que de ces Accords mesurez Les douces liaisons, les differenz degrez Touchent l'Ame harmonique, en touchant notre Oreille; Que le sublime Orphee en menageant ses tons, Pousse de merveille en merveille Le beau Chant, que nous ecoutons, Et qui nous fait douter si quelque heureux Genie N' a point ici des Cieux transporte l' Harmonie.
Mais parmi ces Accords si doux, & si puissans Dont l' ordinaire Effet est de ravir les Sens Ce qui prouve, que l'Ame est la seule Maeitresse; Elle resiste a ces attentions; Elle se livre a des distractions; Le meme Chant qui causoit l' allegresse Par ces vives expressions, Lui fait sentir d' autres impressions: Le Son, qui nous plaisoit, nous offense & nous blesse. Qu'une Mere, une Epouse, en l'exces de leur deuil, Gemissent aupres du Cercueil, Ou la Mort a jette l'Objet de leur rendresse, Une Musique gaye augmente leur tristesse; Rien ne les flatte en ces momens Que des Sanglots, & des Gemissemens.
Pour nous prouver encor, que ce n'est point l'Organe Et que c' est Esprit, seul qui forme nos plaisirs,
Si
De l’Ouïe.
Que de ces Accords meſurez Les douces liaiſons, les differenz degrez Touchent l’Ame harmonique, en touchant notre Oreille; Que le ſublime Orphée en ménageant ſes tons, Pouſſe de merveille en merveille Le beau Chant, que nous écoutons, Et qui nous fait douter ſi quelque heureux Genie N’ a point ici des Cieux tranſporté l’ Harmonie.
Mais parmi ces Accords ſi doux, & ſi puiſſans Dont l’ ordinaire Effet eſt de ravir les Sens Ce qui prouve, que l’Ame eſt la ſeule Maîtreſſe; Elle reſiſte à ces attentions; Elle ſe livre à des diſtractions; Le même Chant qui cauſoit l’ allegreſſe Par ces vives expreſſions, Lui fait ſentir d’ autres impreſſions: Le Son, qui nous plaiſoit, nous offenſe & nous bleſſe. Qu’une Mere, une Epouſe, en l’excés de leur deuil, Gémiſſent auprès du Cercueil, Où la Mort à jetté l’Objet de leur rendreſſe, Une Muſique gaye augmente leur triſteſſe; Rien ne les flatte en ces momens Que des Sanglots, & des Gémiſſemens.
Pour nous prouver encor, que ce n’eſt point l’Organe Et que c’ eſt Eſprit, ſeul qui forme nos plaiſirs,
Si
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De l’Ouïe.
Que de ces Accords meſurez
Les douces liaiſons, les differenz degrez
Touchent l’Ame harmonique, en touchant notre Oreille;
Que le ſublime Orphée en ménageant ſes tons,
Pouſſe de merveille en merveille
Le beau Chant, que nous écoutons,
Et qui nous fait douter ſi quelque heureux Genie
N’ a point ici des Cieux tranſporté l’ Harmonie.
Mais parmi ces Accords ſi doux, & ſi puiſſans
Dont l’ ordinaire Effet eſt de ravir les Sens
Ce qui prouve, que l’Ame eſt la ſeule Maîtreſſe;
Elle reſiſte à ces attentions;
Elle ſe livre à des diſtractions;
Le même Chant qui cauſoit l’ allegreſſe
Par ces vives expreſſions,
Lui fait ſentir d’ autres impreſſions:
Le Son, qui nous plaiſoit, nous offenſe & nous bleſſe.
Qu’une Mere, une Epouſe, en l’excés de leur deuil,
Gémiſſent auprès du Cercueil,
Où la Mort à jetté l’Objet de leur rendreſſe,
Une Muſique gaye augmente leur triſteſſe;
Rien ne les flatte en ces momens
Que des Sanglots, & des Gémiſſemens.
Pour nous prouver encor, que ce n’eſt point l’Organe
Et que c’ eſt Eſprit, ſeul qui forme nos plaiſirs,
Si
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 444. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/474>, abgerufen am 17.06.2024.
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